Porté par le lobbying des plateformes de travail, cet échange au Parlement de Strasbourg a mis en avant de nombreux désaccords entre les défenseurs des géants et ceux des travailleurs.
Il a été question des litiges, jugés rares par les dirigeants. Est-ce que l'absence de litige signifie que les travailleurs sont en accord avec les stratégies des plateformes ? A notre sens, c'est surtout le manque de connaissances, de temps et de moyens qui expliquent le fait que les litiges sont peu nombreux. De plus, chaque travailleur doit individuellement défendre ses intérêts devant les tribunaux. Les requalifications se font au compte goutte. Grâce à la directive européenne en préparation pour les travailleurs des plateformes, nous pourrions espérer des requalifications collectives de l'ensemble des travailleurs ayant les mêmes conditions.
Le rôle des travailleurs sur les plateformes a aussi été discuté. Certaines phrases sont souvent revenues comme par exemple "Les indépendants sont ravis de travailler pour des plateformes". Sachant qu'aucun représentant des travailleurs indépendants n'a été convié, ces propos n'ont que peu de valeurs. Les seuls représentants des travailleurs à s'être incrustés à cette réunion ont eu de nombreuses demandes faisant voler en éclat ces dires.
La question économique a aussi été abordée, les dirigeants s'inquiétant de mettre la clé sous la porte en cas de requalification des freelances en salariés. Là aussi, de nombreuses interrogations se posent... Sachant qu'un travailleur indépendant est censé coûter plus cher qu'un salarié parce qu'il doit adsorber les coûts de gestion, d'assurances et provisionner pour se couvrir de certains aléas, la requalification en salarié de ses travailleurs serait une source incroyable d'économie. Si ceux-ci mettent la clé sous la porte en salariant les freelances, cela veut dire que les freelances ne sont pas payés à leur juste valeur, mais bien en dessous du marché.
À la fin de cette réunion, de nombreuses incompréhension surgissent. Tout d'abord, pourquoi exclure les travailleurs alors que ce sont eux les acteurs au cœur de cette directive ? Pourquoi organiser une rencontre seulement entre les grands dirigeants ? Un compromis semble compliqué à apercevoir et surtout contraire à l'intérêt des travailleurs.
Faute de discussions avec les freelances, les vraies victimes de cette affaire, les députés ne sont pas au fait de leurs conditions de travail et des conséquences que cette directive peut avoir. Le mieux est donc de les rencontrer, pour échanger avec eux, sans passer par l'intermédiaire des réunions où les travailleurs ne sont même pas conviés.
Vous voulez que votre voix compte ? Alors manifestez-vous ! Pour que les indépendants le restent !
Pour faire bouger les choses !